UMR - Gouvernance, Risque, Environnement, Développement

Présentation

La gouvernance des ressources naturelles et des territoires constitue à la fois un objet prioritaire pour les politiques publiques de développement et un enjeu stratégique dans la dynamique des sociétés, que révèlent les conflits fréquents associés à l’accès aux ressources territoriales et aux discriminations dans cet accès.

Le glissement sémantique de gouvernement à gouvernance rend compte de l'éclatement ou de l'ouverture relative du pouvoir décisionnel étatique – ou relevant des pouvoirs “traditionnels” au niveau local – à des acteurs issus de la “société civile” et/ou du monde économique. Un régime de gouvernance donné associe et combine à des degrés divers trois principes archétypaux d'organisation des sociétés : un mode hiérarchique (souvent centré sur l’État), un mode de coordination par le marché (avec des valeurs associées à l'initiative privée), et un mode décentralisé fondé sur les relations sociales de proximité (avec un accent sur l'autonomie, le principe de subsidiarité) associé à des éléments variables de territorialité.

Les recherches entreprises autour de cette notion s’inscrivent dans une approche contextualisée, compréhensive et processuelle, ancrée dans l’historicité des trajectoires et des situations. On fera l’hypothèse que les dispositifs de gouvernance des ressources et des territoires constituent des champs sociaux dotés d’une marge d’autonomie dans l’élaboration des régulations, en interaction avec les cadres légaux et réglementaires officiels et les normes portées par les opérateurs privés, associatifs ou communautaires/traditionnels intervenant directement ou indirectement dans les arènes territoriales. Les recherches conduites dans le cadre de ce thème porteront donc un intérêt particulier aux stratégies des acteurs individuels et collectifs, qui, tout à la fois, sont contraints par les matrices institutionnelles existantes et interviennent à différentes échelles pour les faire évoluer en fonction de leurs objectifs, valeurs et intérêts.

Dans cette perspective, la question des échelles de gouvernance apparaît comme particulièrement cruciale : elle concerne non seulement les interactions et les coordinations entre niveaux d'échelles plus ou moins emboités (e.g. niveaux administratifs successifs ou usagers de l'eau au sein d'un système ou d'un bassin versant), la redistribution du pouvoir décisionnel suite à l'émergence de nouveaux territoires (l'intercommunalité, le bassin versant, les espaces concernés par des projets de développement ou de conservation, etc), ou l'émergence de régulations portées par des régimes internationaux. Cette multiplicité des échelles et des acteurs territoriaux conduit à l'émergence de modes de gouvernance polycentriques et/ou hybrides, faisant intervenir une pluralité d’acteurs aux logiques et représentations hétérogènes et des jeux de superposition, d’emboîtement ou de contradiction entre différentes échelles (global/national, national/local, global/local) et les échelons intermédiaires. Ces modes de gouvernance s’inscrivent dans des temporalités elles-mêmes plurielles.

Une dimension constitutive de ces dynamiques tient au caractère pluriel des registres institutionnels (formels et informels) mobilisés par les acteurs : les transferts de normes résultant de la mise en œuvre des politiques publiques ou des opérations de développement, loin de déplacer les instances de régulation existantes, alimentent les situations de pluralisme institutionnel et les jeux stratégiques des acteurs autour des règles. Ce pluralisme joue - selon les contextes, les acteurs et les enjeux de leur accès aux ressources territoriales - sur le mode de la complémentarité ou, au contraire, de la concurrence et du conflit.

Objectifs

Notre objectif majeur est de contribuer à la compréhension des interactions entre les régimes de gouvernance et de gestion des espaces et des ressources naturelles et leurs conséquences en termes de démocratisation, d'équité sociale et de durabilité environnementale.

Il s’agira :

• De comprendre comment les matrices institutionnelles s'articulent entre plusieurs échelles (familial, local, national, global) et comment se conjuguent les contraintes structurelles et les espaces d'autonomie et de changement dont peuvent s'emparer certains acteurs ;
• De mettre en évidence les relations entre certains régimes de gouvernance et l'émergence de conflits et de proposer des ajustements de politiques publiques ou des mécanismes de résolution ;
• D'identifier et discuter les implications de la recomposition des échelles de gouvernance territoriales ;
• De déconstruire les principes, les idéologies et les mimétismes qui sous-tendent la production de politiques publiques en général, et la proposition d'options et de réponse en cas de crise.

Thématiques

• Dispositifs institutionnels de l'accès aux ressources
• Recomposition des échelles territoriales et gouvernance
• Construction des politiques de gouvernance des ressources et des territoires

Membres de l'axe 2

Doctorants