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ESPAM - Estienne Rodary

Espèces emblématiques, acceptation et durabilité des aires marines protégées

Comme le montrent les récentes polémiques à propos des requins, la valeur sociale d’une aire marine protégée (AMP) est largement déterminée par ses espèces emblématiques. L’acceptation sociale de ces espaces réglementés, qu’ils soient de « petite taille » comme la réserve naturelle marine de la Réunion ou de « très grande taille » comme le Parc naturel marin de la Mer de Corail en Nouvelle-Calédonie, est structurée entre autres par les représentations que populations, décideurs politiques, scientifiques et gestionnaires ont du territoire marin et des espèces qui y vivent. Dans ces représentations, certaines espèces occupent une place particulière pour des raisons écologiques, symboliques ou politiques. Un caractère positif ou négatif, repoussant ou attrayant peut être déterminant dans les modalités de gestion du territoire protégé, de la haute mer au littoral et de son acceptation sociale.
Lorsque des espèces emblématiques évoluent au sein d’une AMP et dans son voisinage, les représentations attachées à ces espèces et aux lieux qu’elles habitent, parcourent ou occupent à certaines étapes clefs de leur cycle de vie, sont un élément fort de l’acceptation sociale de l’AMP. La « crise requin » qui s’est déployée sur la réserve marine à la Réunion entre 2011 et 2015 en est une illustration. Les très récentes attaques de requins en Nouvelle-Calédonie illustrent également les transformations des représentations de cette espèce ( plutôt bienveillante d’un point de vue coutumier à menaçante pour le tourisme et le loisir). Les enjeux de gestion que ces espèces posent aux AMP nous conduisent à penser qu’un projet comparatif entres les deux aires marines protégées de la Réunion et de Nouvelle-Calédonie, aux statuts et aux temporalités différentes, est pertinent et peut s’avérer utile aux politiques environnementales françaises (voir les conflits associés au loup). Dans ce contexte, des questions majeures se posent : qu’est-ce qu’une espèce emblématique ? Pour qui (et de quoi) sont-elles emblématiques ? Comment se construisent et se transforment les représentations des acteurs à propos de ces espèces ? Comment les espèces emblématiques structurent-elles les territoires, les usages et les représentations ? Comment les médias s’en saisissent-ils ? Enfin, quel est leur rôle en tant qu’emblème dans la constitution puis dans le fonctionnement de l’aire protégée et des normes locales et institutionnelles de gestion du littoral et de la mer ? Pour répondre à ces questions, en adoptant une approche interdisciplinaire mobilisant des outils et des méthodes qualitatives et quantitatives d’acquisition et de formalisation des connaissances de l’anthropologie, de la géographie et de l’informatique, ce projet s’articulera autour de 5 axes permettant d’analyser différents types de relations :

  • espèces emblématiques et valeurs culturelles, symboliques et identitaires ;
  • espèces emblématiques et usages du littoral ;
  • espèces emblématiques et économie du littoral ;
  • espèces emblématiques et territorialités ;
  • espèces emblématiques et fonctionnement de l’AMP.

Il s’agira d’étudier la représentation que les gens se font de ces espèces, des lieux qu’elles habitentet des éléments qui y réfèrent (toponymie marine et côtière, patronymie, géosymboles, etc.),d’analyser les représentations que les divers acteurs se font de ces relations et d’explorer la place de ces représentations dans l’acceptation sociale des AMP. Selon leurs savoirs, leurs savoir-faire, leurs pratiques, leur attachement aux lieux et aux espèces emblématiques, les individus et les groupes envisagent des manières variées de gérer les milieux marins et côtiers. Le projet envisage donc d’étudier les différents usages, savoirs, normes et représentations portant sur le milieu marin et les espèces emblématiques afin d’accompagner les acteurs du littoral,notamment les gestionnaires des AMP, dans leurs réflexions et leurs actions sur les AMP et leurs périphéries afin d’accroitre l’acceptation sociale de l’aire protégée.
L’entrée par les espèces emblématiques permet d’enrichir la compréhension des différentes manières d’appréhender les milieux marins et côtiers. Ce faisant, elle offre une occasion de renforcer les procédures de gouvernance des AMP en articulant plus étroitement les objectifs de gestion écologique avec les représentations et les logiques à l’œuvre chez les différents acteurs impliqués. Le projet entend de la sorte participer à la durabilité des AMP, en contribuant à la construction de formes concertées de gouvernance, capables de prendre en compte la dimension écologique comme la dimension sociale de ces espaces et des espèces qu’ils accueillent.

Responsable au sein de GRED : Estienne Rodary

Coordonnateur : Catherine Sabinot (Espace-Dev)
Équipe mobilisée (noms des membres de GRED) : Pierre-Yves Le Meur, Marlène Dégremont
Partenaires :

  • IRD EspaceDev,
  • ADCK-Centre Culturel Tjibaou,
  • Comité de gestion du parc naturel de la mer de Corail,
  • GIP Réserve naturelle marine de La Réunion.

Dates début et fin des travaux : Janvier 2016 – décembre 2018
Financeurs : Fondation de France
Terrains d’étude : La Réunion, Nouvelle-Calédonie