UMR - Gouvernance, Risque, Environnement, Développement

Végé-culture : Systèmes complexes à base de plantes à multiplication végétative en zone tropicale humide.

(Resp. V. Lebot, CIRAD)

Responsable au sein de GRED : Stéphanie Carrière

Dates début et fin des travaux : 2011 - 2014

Partenaires locaux :

• Cirad - BIOS
• CNRS - Délégation régionale Rhône AAuvergne
• CNRS - Délégation régionale Provence Corse
• CTRA Vanuatu

Financeurs : ANR Systerra - Ecosystèmes, territoires, ressources vivantes et agricultures

Terrains d’étude : Vanuatu

Site internet : http://www.vegeculture.fr/

Tache 2.1. Responsable Stéphanie Carrière

Participants : Julien Blanco, Laurence Ramon, Laurence Pascal et Vincent Lebot

Les actions menées en 2011-2012 ont permis de mesurer et de quantifier l’évolution et la répartition spatio-temporelle de l’agrobiodiversité au sein des systèmes de culture (ignames et taros) de 6 îles se situant le long d’un gradient de pression démographique, montré par la Tache 1 du projet (et publié dans Siméoni et Lebot, 2012, in Human Ecology). Grace au jeu de données acquis, plusieurs indices de diversité classiquement utilisés (richesse spécifique et variétale, indices de Shannon et Pielou) ont été utilisés et décrits (Blanco, 2011). Un indice d’agrobiodiversité a été mis au point (Blanco, 2011) tenant compte des contraintes liées à la méthode d’échantillonnage (mesure de l’abondance spécifique et non de l’abondance variétale). Les principaux résultats qui ressortent de cette étude sont les suivants (Blanco et al., soumis) :

• Dans le système de culture des six îles, il est possible de distinguer un système principal tourné vers la subsistance, basé soit sur le taro soit sur l’igname en tête d’assolement et un sous-système auxiliaire de type opportuniste, tourné vers la rente (kava, arachides…).
• L’agrobiodiversité spécifique relevée dans les parcelles du système principal est relativement faible (si l’on compare avec d’autres études) avec un nombre moyen d’espèces de 10,2 (±4,8) et un nombre moyen de variétés relativement élevé avec une moyenne de 8,6 (±7,3).
• Conformément à nos hypothèses l’agrobiodiversité (spécifique et variétale) diminue au cours de la succession culturale, cette diminution est plus rapide dans les parcelles d’ignames que dans celles de taro et plus marquées entre l’année 1 et les autres années qu’entre les autres années.
• Les analyses hiérarchiques en cluster montrent que le principal facteur explicatif des variations de l’agrobiodiversité reste le type de tête d’assolement (variations plus élevées pour le taro) et ce aussi bien aux échelles de la parcelle, de l’exploitation que du village.
• Aucune corrélation n’a été montrée entre l’agrobiodiversité et (1) la pression anthropique telle que définie par Siméoni et Lebot 2012 et (2) la durée de jachère et ce également aux 3 échelles d’investigation.

Nos résultats suggèrent que la perturbation induite par la densité de population et donc la pression sur les terres n’est pas encore sensible au niveau de l’agrobiodiversité (spécifique et variétale). Cela peut être expliqué par la relative stabilité et faible vulnérabilité de ce type de système particulièrement adapté aux conditions locales car construit sur des savoirs empiriques anciens et éprouvés par le temps. Par contre ces résultats montrent que l’orientation partielle du système vars les cultures de rentes parfois intégrées très récemment peut avoir un effet sur la richesse intra-spécifique de ce type de champs. Ceci suggère qu’il faut rester vigilant sur les effets possibles et futurs des changements socio-spatiaux et sociodémographiques sur la résilience et l’évolution de ces systèmes de cultures traditionnels.

Références

Julien Blanco, Laurence Pascal, Laurence Ramon, Henri Vandenbroucke, Stéphanie Carrière. Soumis. Agrobiodiversity assessment along contrasting island ‘contexts in Vanuatu shifting cultivation fields.

Julien Blanco, 2011. Mise au point d’un indice pour l’analyse spatio-temporelle de l’agrobiodiversité. Cas de l’agriculture itinérante au Vanouatou, AgroParisTech-IRD-ANR Végéculture, 73 pages.